Le festival du Nguon est une cérémonie annuelle très importante en pays Bamoun. Le Nguon selon Nchare Yen (ancien roi bamoun) est le signe royal de la race de Rifum (localité encore connue sous le nom Mbankim). C’est le fait de « payer la terre au propriétaire de cette terre » à la fin de chaque année.
Pendant cette fête, les peuples bamoun apportent au roi leur tribut. A l’époque de Nchare, le Nguon était une cérémonie annuelle immuable, qui avait lieu après la récolte du mil, nourriture principale des Bamoun. Ainsi, après la récolte du maïs, le roi faisait annoncer au marché de Foumban qu’après deux semaines, le troisième vendredi, les nguon entreront au palais. La population apportait donc au palais une liste de produit bien déterminée et en retour le souverain offrait aux participants une quantité de nourriture bien précise.

Aujourd’hui, c’est presque au hasard qu’est fixée la date d’entrée des Nguon à Foumban. Cependant, le jour reste le vendredi, principalement dans la soirée. La cérémonie du Nguon est marquée par des danses en soirée, en attendant la venue du roi. Vers minuit, quand le roi arrive, les participants entonnent le chant de Nguon et offre la boisson et des cuvettes de couscous (pâte de maïs) avec la viande.
La fête se déroule au palais toute la nuit et durant la matinée du samedi. Les jeunes membres de Nguon-Po nguon (enfant du Nguon) vont mendier Nja’che chez les reines, et après vont dans la ville distribuer les amulettes à ceux qui sont généreux et peuvent souvent maudire les méchants et les avares.

Dans l’après-midi du samedi, la population se rassemble dans la grande cour du palais « la cour du Njâ ». Le roi sort en procession avec les hauts dignitaires du pays: les Kom et Pomafon pour s’installer sur le trône Mandù Yienù. En face, sont plantées les deux lances de la justice. Ensuite, les Mfon Nguon arrivent en procession à la cour de Nja, le roi invite leur porte-parole à dire au public ce qui a été décidé par l’assemblée des Nguon-Shîrum. Celui-ci sort du rang et dresse le bilan critique annuel de la société bamoun. Si le roi a une réplique ou une justification à donner, il le fait, et s’il n’a rien à dire, il se tait.

Il procède ensuite au rituel par lequel les Kom renouvellent leur allégeance au roi. Il leur tend le bout de la canne du pays, ceux-ci saisissent à tour de rôle l’autre extrémité de la dite canne et prononcent un Njuom (formule imprécatoire) pour une fidélité et loyauté sous peine de malédiction. Au terme de cet acte de soumission de kom, le roi bénit la foule et se retire en procession au palais pour aller au cimetière des rois avec ses compagnons. Il procède aux sacrifices et libations sur les tombes des ancêtres. Pour clôturer la fête du Nguon, le roi édicte de nouvelles lois. Il charge Tangu (le chef de la justice) de les proclamer au marché de Foumban.